Pourquoi traitons-nous les élites mieux que le commun des mortels ? Est-ce juste ? Pas vraiment. Pourtant, on a souvent l'impression que c'est plus fort que nous. Mais qu'est-ce qui nous pousse à agir ainsi ? Je vais vous expliquer ce qui se passe dans notre cerveau et pourquoi nous adoptons ce comportement, même s'il n'est pas toujours justifiable.
Avant d'entrer dans les détails, je veux vous partager ce qui m'a amenée à réfléchir à ce sujet. J'ai participé à une expérience menée par David Gouthro, un maître de cérémonie et modérateur. Lors de cette expérimentation, chaque participant devait placer une carte à jouer sur son front, sans savoir de quelle carte il s'agissait. Les consignes étaient simples : si la personne en face de nous portait une carte de haute valeur, il fallait lui accorder plus d'attention et être aimable avec elle. Si la carte était de faible valeur, il fallait l'ignorer, comme si elle n'existait pas.
UN COMPORTEMENT QUE L'ON RETROUVE DANS LA VIE QUOTIDIENNE
Pourquoi faisons-nous cela ? Imaginez que vous assistez à une réunion et que vous rencontrez quelqu'un pour la première fois. Si cette personne vous dit qu'elle est concierge, vous pourriez rapidement passer à la personne suivante. Mais si elle vous dit qu'elle est PDG d'une multinationale qui génère des millions, vous serez probablement plus intéressé à lui parler. De la même manière, lorsque nous apercevons une célébrité dans une salle, beaucoup d'entre nous font la queue pour aller la rencontrer. Pourtant, nous sommes tous des humains. Alors, pourquoi agissons-nous différemment en fonction du statut de la personne ?
L'EXPERIENCE DE DAVID GOUTHRO
Pendant l'expérience, nous devions deviner la valeur de la carte que nous avions sur le front, en observant comment les autres nous traitaient. Personnellement, personne ne voulait me parler. J'étais convaincue d'avoir une carte très basse, probablement un deux, car tout le monde me passait à côté sans s'arrêter.
À la fin de l'expérience, il fallait se placer le long d'un mur, en se positionnant selon la carte que nous pensions avoir, du plus petit au plus grand. Ceux qui pensaient avoir une carte de haute valeur allaient à un bout, et ceux qui pensaient avoir une carte basse allaient à l'autre extrémité.
Une chose très intéressante s'est produite au milieu de l'expérience : David nous a interrompus et nous a donné une information supplémentaire. L'as, que tout le monde pensait être la carte la plus basse, était en réalité la carte la plus haute. Aussitôt qu'il a donné cette information, tout le monde s'est tourné vers moi. Soudainement, les gens voulaient me parler. J'étais alors certaine d'avoir un as. Puis souvent, c'est ça qui arrive dans la vie, non? Les gens ne sont pas intéressés à vous, mais quand il vous arrive quelque chose ou quand vous avez quelque chose qu'ils veulent – par exemple, ils veulent vous emprunter votre tondeuse - alors, tout à coup, là, ils sont fins avec vous, puisque vous venez de changer votre statut pour eux.
Cette expérience m'a poussée à me poser des questions sur ce qui se passe dans notre cerveau lorsqu'on interagit avec des personnes de différents statuts. Voici ce qui se produit :
ACTIVATION DU SYSTÈME DE RÉCOMPENSES
Tout d'abord, le centre d'activation du système de récompense dans notre cerveau, et en particulier les voies dopaminergiques, est stimulé. Ce système est responsable des sentiments de plaisir et de motivation. Les individus de statut élevé sont perçus comme ayant plus de valeur dans les hiérarchies sociales. Si vous avez une interaction positive avec une personne de haut statut, ce système se déclenche, vous faisant sentir bien. C'est pourquoi nous avons tendance à être plus aimables et attentifs envers ces personnes.
L’AMYGDALE ET LA PERCEPTION DE LA MENACE
Deuxièmement, l'amygdale, la région du cerveau impliquée dans la perception du statut social, entre en jeu. Des études montrent que nous ressentons souvent plus d'anxiété ou d'intimidation lorsque nous interagissons avec des personnes de statut social supérieur. Prenons l'exemple d'une marche où vous croisez un chien menaçant, non tenu en laisse. Vous commencez à parler gentiment au chien, même si vous avez peur. De la même manière, face à une personne de statut élevé, notre amygdale perçoit une menace potentielle. Par conséquent, nous devenons plus sympathiques, pensant que cette personne pourrait nous « menacer » d'une manière ou d'une autre.
L’OXYTOCINE ET LA PERCEPTION D’UN AVANTAGE
Enfin, parlons de l'ocytocine, l'hormone du lien social. Lorsque nous établissons des liens avec des personnes de haut statut, notre cerveau libère de l'ocytocine, ce qui renforce la confiance et favorise la coopération. Nous avons tendance à croire que nous obtiendrons des avantages en côtoyant des individus plus riches ou plus influents, d'où ce sentiment de connexion accrue.
J'espère que cet article vous a aidé à comprendre pourquoi nous agissons ainsi face au statut social. Même si ce comportement n'est pas toujours justifiable, il est en grande partie dicté par notre cerveau. Nous nous retrouvons tous, à un moment ou à un autre, dans ce « piège du statut ».
Je vous donne rendez-vous le mois prochain pour une nouvelle édition de notre blog sur la confiance et la performance.
Lisez mes blogs précédents